LE GOUVERNEMENT ESTIME A 2,5 MILLIONS LES PERSONNES EN SITUATION D’ILLETTRISME.
« Une maîtrise insuffisante des compétences de base en lecture, écriture et calcul met en difficulté ces personnes dans leur vie quotidienne et dans leur parcours professionnel[1] ».
L’illettrisme constitue évidemment un handicap pour l’insertion professionnelle des chômeurs comme pour l’évolution professionnelle des salariés, dans un monde du travail où le recours à l’écrit et à l’usage d’Internet est impératif[2].
Le gouvernement reprend le thème, récurrent depuis des décennies, qui est de « prévenir, détecter et combattre le fléau de l’illettrisme[3] ».
LES MESURES EVOQUÉES PAR LES MINISTRES LAISSENT DUBITATIF.
Elles devraient mobiliser la formation des personnes repérées pour leur maintien ou leur accès à l’emploi.
La ministre du Travail a déclaré :
« Nous devons tout faire pour aider les personnes qui sont en situation d’illettrisme à s’insérer dans l’emploi, mais aussi à reprendre confiance en elles. »
La ministre, chargée de l’Insertion, a déclaré :
« Le Gouvernement est déterminé et pleinement engagé pour que des solutions globales soient mises en œuvre partout sur le territoire, en collaboration avec l’ensemble des acteurs impliqués. [4] »
Ces déclarations d’intention sont bienvenues, mais elles ne se traduisent pas par des mesures concrètes :
-
Une enquête sur l’illettrisme serait renouvelée en 2022, « afin de disposer de données nationales récentes sur l’ampleur des besoins et le pilotage de l’action » ! Pourquoi pas avant ? Soit on connait, soit on connait mal !
-
Un correspondant par région pour l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI). Ce qui ne doit donc pas être encore le cas pour les 17 régions !
-
Des financements du Programme d’investissement dans les compétences (PIC) pour le « déploiement de l’outil numérique de diagnostic pour les entreprises ».
-
Des financements avec l’aide du Fonds social européen pour les solutions coconstruites dans les territoires dans le cadre du programme de l’ANLCI « La Coopérative des solutions »
DES ACTEURS CLÉS DEVANT PARTICIPER A LA DÉMARCHE DE LUTTE CONTRE L’ILLETTRISME NE SONT PAS CITES.
Les ministres citent comme acteurs : les branches professionnelles, les organisations syndicales, les collectivités territoriales, les associations, les OPCO et les entreprises pour « travailler conjointement pour élaborer des réponses efficaces, coordonnées et adaptées aux différents publics concernés. »
Mais ils en oublient d’autres.
L’absence du ministère de l’Éducation nationale dans la boucle interroge : le contrôle des connaissances des élèves à la fin du primaire et du collèges sont déterminants pour repérer les lacunes graves.
Il en est de même pour les acteurs de l’emploi. Pôle emploi et les Missions locales sont en mesure de repérer les publics (jeune ou adulte) à prendre en charge et les orienter vers des formations.
L’obligation de formation des jeunes de 16/18 ans portée par le Missions locales, tout comme la « Journée défense et citoyenneté (JDC) » sont des occasions de repérage des publics jeunes à traiter.
La JDC comprend des tests d’évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française.
Les institutions en charge des migrants ont également leur rôle à jouer, sans entrer ici dans le détail.
Beaucoup reste à faire…
[1] « Prévention et lutte contre l’illettrisme : le Gouvernement s’engage » – 09/09/20 – https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/prevention-et-lutte-contre-l-illettrisme-le-gouvernement-s-engage
[2] L’illettrisme concerne des personnes n’ayant pas acquis les connaissances de base (décrochage scolaire) ou ayant perdu la maitrise de connaissance lors de leur parcours.
[3] À l’occasion de la 7e édition des « Journées nationales d’action contre l’illettrisme », la ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, et la ministre déléguée chargée de l’Insertion, ont réaffirment leur volonté de mieux prévenir, détecter et combattre le fléau de l’illettrisme. Les ministres accompagneront l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme (ANLCI) dans le déploiement de sa feuille de route.
[4] Un numéro vert est déjà en place pour toutes les personnes en situation d’illettrisme cherchant de l’aide ou pour tous les professionnels souhaitant obtenir des informations : 0800 11 10 35.
Pas de commentaire sur “Comment la lutte contre l’illettrisme s’inscrit dans la politique de l’emploi ?”