La période électorale de ce trimestre a été l’occasion de mettre en avant la baisse du chômage en 2021, suite à une montée en 2020.
Il faut aujourd’hui prévoir la suite de cette évolution et examiner les chiffres dont nous disposons pour début 2022.
Le dynamisme enregistré en 2021 en termes d’emploi, s’est atténué au 1er trimestre, avec seulement 15 000 postes créés, après les 107 000 des trois derniers mois de 2021.
Selon l’Insee, le rebond du marché du travail, après la crise liée au Covid-19, « est largement achevé et n’offre plus de potentiel ».
L’EMBELLIE DE 2021 SUR LE MARCHE DU TRAVAIL S’ATTÉNUE PROGRESSIVEMENT.
Une note de suivi conjoncturel a été présentée aux membres du Bureau de l’Unédic[1].
« Elle montre que l’activité économique affiche les premiers signes de ralentissement avec une croissance du PIB nulle au 1er trimestre 2022. Le marché du travail reste globalement bien orienté, même si l’embellie s’atténue avec 66 000 créations d’emploi au 1er trimestre 2022, après 118 000 au 4e trimestre 2021. »
L’Unédic analyse bien la situation particulière actuelle.
« La population active a fortement progressé en lien avec le retour des demandeurs d’emploi qui s’en étaient éloignés durant la crise sanitaire, et l’essor important de l’apprentissage. »
Le contexte est marqué par des influences parfois contradictoires.
« Au premier trimestre 2022, le nombre de DEFM A a reculé nettement, contrairement aux demandeurs d’emploi inscrits dans les catégories B et C de Pôle emploi. »
Plusieurs indicateurs conduisent à des doutes sur une évolution positive de la situation. C’est le cas par exemple du CSP.
LES PARCOURS DES BÉNÉFICIAIRES DU CSP RESTENT RALENTIS.
La reprise économique de la fin 2021 produit ses effets, mais les parcours des bénéficiaires du Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) n’ont pas retrouvé toutes leurs caractéristiques d’avant crise[2].
« Le taux de recours à la formation par les nouveaux entrants en CSP reste élevé, après avoir atteint un pic au cœur de la crise sanitaire. Sur ce point également, le retour aux niveaux d’avant crise n’est pas observé. »
Fin 2020, le dispositif a accompagné jusqu’à 70 000 personnes. Il restait 38 000 CSP à fin mars[3].
Le devenir du CSP fait l’objet de débats.
« Le CSP est destiné à des licenciés économiques des entreprises de moins de 1 000 salariés qui ne bénéficient pas du congé de reclassement. C’est pour cette raison qu’en juin 2021, les partenaires sociaux ont décidé unanimement de le prolonger jusqu’à fin 2022. À cette époque, la situation était encore très instable. On se demandait si la fin des aides aux entreprises allait causer des faillites et donc des licenciements économiques.
Aujourd’hui, le CSP joue toujours un rôle clé pour les salariés licenciés économiques, mais nous devrons réfléchir à son évolution pour qu’il puisse aussi sécuriser les transitions ou reconversions professionnelles. Car au-delà de la crise sanitaire, certaines mutations, comme la transition écologique, se sont accélérées. Elles vont avoir un impact sur les compétences et sur l’emploi ». La présidente de l’Unédic, dans le rapport d’activité 2021.
Le contrat de sécurisation professionnelle, mis en place en 2011, a été, dans l’immédiat, prolongé jusqu’à fin 2022, par un avenant signé à l’unanimité en juin 2021 par les partenaires sociaux.
En dix ans, environ 1,5 million de licenciés économiques ont bénéficié d’un CSP.
LA SITUATION DU CHÔMAGE S’EST STABILISÉ AU MOIS D’AVRIL[4]
Au premier trimestre 2022, l’Insee considère que taux de chômage a été quasi stable à 7,3%[5].
En avril 2022, pour la France entière, on comptait [6] :
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3 178 600 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A,
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2 777 700 en catégories B et C,
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363 000 en catégorie D (en CSP ou formation).
Soit un ensemble de 5,8 millions demandeurs d’emploi pour ces quatre catégories.
Le total des inscrits à Pôle emploi demeure de 6,2 millions.
Pour la première fois en un an, le nombre de chômeurs sans aucune activité (catégorie A) s’est très légèrement accru en avril de +0,29% en un mois.
Sans tirer des conséquences sur une évolution mensuelle, on constate plusieurs éléments de contexte négatifs : croissance négative au premier semestre (-0,2%), tensions sur les prix de l’énergie et des matières premières (guerre en Ukraine), gel de l’activité de nombreuses entreprises en Chine (confinement Covid), recul de la consommation en mars dans l’Hexagone (inflation record), etc.
Plusieurs prévisionnistes indiquent des difficultés probables sur le marché du travail dans les mois à venir, après la phase de stabilisation actuelle[7].
[1] Synthèse du bureau de l Unédic du 19 mai 2022 – 4 mai 2022
[2] CSP : deux années de crise en quatre graphiques CSP – Unédic – 25 mai 2022
[3] « Fin mars 2022, on dénombre ainsi environ 38 000 personnes en CSP contre 70 000 au pic fin 2020 et 56 000 fin 2019. »
[4] Au premier trimestre 2022, le nombre de chômeurs au sens du BIT diminue de 18 000 par rapport au trimestre précédent, à 2,2 millions de personnes. Le taux de chômage au sens du BIT est ainsi quasi stable (–0,1 point) à 7,3 % de la population active en France (hors Mayotte), après avoir diminué de 0,6 point le trimestre précédent. Il est inférieur de 0,8 point à son niveau un an auparavant, et 0,9 point au-dessous de son niveau d’avant la crise sanitaire (fin 2019).
[5] Après avoir nettement baissé, le taux de chômage est quasi stable au premier trimestre 2022 – Insee- Informations rapides – No 127 – 17/05/2022
[6] Les demandeurs d’emploi en avril 2022 – DARES – 25 mai 2022.
Demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle emploi par catégorie (A, B, C, D, E) – CVS-CJO.
[7] « Il est probable que l’on soit dans un début de retournement de marché du travail au regard de l’évolution de l’activité. Il ne serait pas surprenant d’enregistrer une hausse du chômage dans les trimestres à venir. » – Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
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