LE NOMBRE DES NAISSANCES CONTINUE DE BAISSER DEPUIS TROIS ANS.
Le taux de fécondité est passé en 2107 à 1,88 enfant par femme (contre 2 en 2012). La France se trouve sous le seuil de renouvellement de la population qui est de 2,1 enfants par femme. La population continue d’augmenter, mais plus faiblement, en raison de la baisse des naissances[1]. En 2017, 767 000 bébés sont nés, soit 17 000 de moins qu’en 2016, après des baisses successives du même ordre en 2016 et 2015.
Les raisons de cette évolution sont diverses : la crise économique de 2008, la situation économique marquée par un chômage de masse, le choix politique de la baisse des allocations familiales accompagnant l’accueil de l’enfant[2], l’allongement de la durée moyenne des études, etc. Les avis des universitaires et chercheurs sur cette question sont divers, compte tenu de la multiplicité des facteurs[3]. Le taux de chômage élevé, les incertitudes professionnelles, etc. jouent sur les décisions individuelles d’avoir un enfant[4].
Le recul de l’âge d’obtention d’un emploi stable en CDI pour les jeunes apparait clairement dans les statistiques. Or, la recherche d’une vie professionnelle stable apparait le plus souvent comme un préalable à la fondation d’une famille…
L’AGE DE DÉBUT D’UNE VIE PROFESSIONNELLE STABLE S’ÉLÈVE PROGRESSIVEMENT
La durée moyenne du début de parcours des jeunes s’allonge. La réalisation d’études est plus longue, la formation des couples est plus tardive et la décision d’avoir un premier enfant intervient plus âgée[5]. Cette évolution ne produit pas un simple décalage dans le temps, car la fécondité diminue avec l’âge et le choix d’avoir plusieurs enfants, surtout plus de deux, également. Or c’est la proportion de familles nombreuses, comptant 3 enfants et plus, qui permettent globalement d’atteindre ou dépasser le taux de renouvellement à 2,1 enfants par femme.
La situation présente marquée par un fort taux de chômage des jeunes (taux supérieur à 20% en dessous des 25 ans) et un allongement, justifié ou pas, de la durée des études participe sans aucun doute à la baisse de la natalité.
[1] La différence entre le nombre des naissances et celui des décès se situe à + 164 000 personnes (le plus faible constaté depuis plus de 70 ans). La population se stabilise à 67,2 millions.
[2] La politique familiale, pendant le quinquennat de Hollande, a été marqué par la diminution des allocations familiales, la baisse du plafond du quotient familial pour les plus aisés, la modulation des aides à l’accueil des jeunes enfants, etc. Elle se poursuit sous le présent quinquennat, avec un nouvel abaissement des plafonds de ressources donnant droit au versement de l’allocation de base pour les parents de jeunes enfants des classes moyennes. Le nombre de places en crèche, ou équivalent, s’est accru, mais sans parvenir aux objectifs.
[3] « Les évolutions de la natalité depuis quarante ans suivent celles de la politique familiale. Les effets des mesures prises depuis 2012 ont commencé à se faire sentir en 2016 et cela s’aggrave en 2017. Il ne faut pas oublier la baisse des dotations aux collectivités locales qui sont, du coup, plus réticentes à développer l’accueil des jeunes enfants. Les difficultés à concilier vie familiale et vie professionnelle sont plus grandes. » Gérard-François Dumont, professeur de démographie à Paris-Sorbonne. LE MONDE – 16.01.2018
[4] « La baisse de l’indicateur conjoncturel de fécondité depuis trois ans en France vient sans doute en partie de la conjoncture économique défavorable de ces dernières années — crise financière et économique, montée du chômage. Certains couples qui souhaitent avoir un enfant ont retardé sa venue. Si la baisse du chômage se confirme et la confiance dans l’avenir continue de se redresser, il est possible que ces couples réalisent leur désir d’enfant, auquel cas l’indicateur de fécondité cesserait de baisser et pourrait même augmenter de nouveau. » Gilles Pison, professeur de démographie au Muséum d’histoire naturelle, et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques. LE MONDE – 16.01.18
[5] L’âge moyen de la maternité des femmes se situe à 30,6 ans, contre 29,8 dix ans plus tôt.
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