Les entreprises, rencontrant des difficultés de fonds, ont été sauvées, temporairement, par les mesures exceptionnelles mise en place (subvention, chômage partiel et PGE).
Elles vont sortir de cette situation, les unes positivement parce qu’elles ont su évoluer, les autres non.
Le retour du nombre des faillites à leur niveau traditionnel devrait s’accélérer dans les prochains mois. Va s’y ajouter un stock d’entreprises restées en sursis…
L’ampleur de impact sur l’emploi reste difficile à prévoir.
LA SORTIE DES PRÊTS GARANTIS PAR L’ÉTAT A DÉBUTÉ
Les prêts garantis par l’État (PGE) auraient été octroyé à environ 700 000 entreprises, pour un montant de 147 milliards d’euros.
Cette mesure de soutien à la trésorerie des entreprises a été mise en place dès mars 2020, au début de la période de confinement. 88% des bénéficiaires en nombre serait des TPE et PME.
Le ministère de l’Économie indique :
« Aujourd’hui, la moitié des entreprises a déjà commencé à rembourser de son plein gré, dont 16% ont déjà entièrement remboursé ».
Un certain nombre d’entreprises ont bénéficié des PGE pour sécuriser leur trésorerie, en bonne situation, durant la période de crise.
D’autres, déjà en difficulté avant la crise, ont utilisé le montant de ces prêts pour durer et vont se trouvent dans la nécessité de procéder aux remboursements.
Le Gouvernement estime que le nombre de « non-remboursements » de PGE devrait être très faible, dans le cadre du débat électoral actuel…
La Banque de France évoque un taux de défaut de l’ordre de 3,1%. Mais ce chiffre correspond au taux de défaut des prêts classiques octroyés aux entreprises et non spécifiquement à la mesure de 2020.
Le report des dates de remboursement décidés par le ministre de l’Économie témoigne bien des doutes existants.
Il est indiqué qu’« aucune entreprise en difficulté ne sera laissé de côté. Il y aura un soutien au cas par cas avec des solutions d’accompagnement individualisée ».
Cette promesse ne concernera évidemment que des cas où le remboursement semble possible compte tenu de l’activité en cours, ou à moyenne échéance, de l’entreprise[1].
Le « retour à la normale de l’économie » va se traduire par des « entrées et sorties d’entreprises sur le marché », comme le rappelle le ministère.
La question qui se pose est de connaitre la proportion de « sorties » induite par cette mesure exceptionnelle. Elle semble difficile à prévoir, même si on recule le moment de faire le bilan.
Le « PGE Résilience », inclus dans le plan du même nom, vient d’être mis en place. Il ouvre la voie à l’attribution de nouveaux prêts garantis à des entreprises impactées par la guerre en Ukraine.
LA REMONTÉE DU NOMBRE DE FAILLITES APPARAIT PROBABLE.
La fin des aides et le début du remboursement des prêts garantis par l’État se traduit par une hausse du nombre des défaillances.
Au premier trimestre 2022, 9 972 entreprises ont fait l’objet d’une procédure pour défaillance[2]. Ce chiffre est en hausse de +35% par rapport à la même période de 2021.
Les défaillances auraient touché des petites entreprises jeunes[3] (48% des défaillances concernent des entreprises âgées de 0 à 5 ans), comme des commerces d’alimentation générale, petites épiceries ou supérettes de proximité, des restaurations traditionnelles, des services aux particuliers, des coiffeurs et instituts de beauté, des entreprises artisanales du bâtiment, etc.
Mais aussi par des PME de moins de 50 salariés (645 PME de cette taille ont défailli, soit +56%).
L’impact en termes d’emplois reste encore faible en raison de la petite taille de ces entreprises.
« On est à moins de la moitié du niveau d’activité d’avant-crise[4] »
En 2018 et 2019, on a dénombré 14 000 défauts pour le premier trimestre et 107 000 ouvertures de procédures collectives pour l’année. En 2020 et 2021, le total annuel est passé à moins 61 000.
LES ÉCONOMISTES ÉVOQUENT TOUS UNE TENDANCE A LA BAISSE DE LA CROISSANCE PRÉVUE POUR 2022[5].
La Banque de France a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour le 1er trimestre à 0,25%, contre 0,5% lors de la précédente estimation[6].
[1] La Médiation du crédit peut être sollicitée par les bénéficiaires de PGE pour négocier un rééchelonnement du remboursement, via des « procédures non-judiciaires, rapides et confidentielles ». Mais elle n’a rien d’automatique.
[2] Selon les chiffres du cabinet Altares du lundi 11 avril 2022.
[3] « Elles n’ont pas eu le temps de rencontrer leur marché, leur activité n’a pas vraiment décollé », explique le directeur des études d’Altares.
[4] Selon le président du Conseil national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires (CNAJMJ).
[5] Une partie de l’évolution de l’activité dépend du conflit en Ukraine : du coût de l’énergie, des difficultés d’approvisionnement, amplifiés par les confinements en Chine et de la baisse des exportations.
[6] Note de conjoncture de la BdF du 12 avril 2022.
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