Les promesses du gouvernement quant à la relance des activités industrielle en France (relocalisation ou activités de pointe) se heurte durement à la réalité dans la période actuelle.
Par exemple, la Région Occitanie est gravement touchée par la crise du transport aérien qui vient geler les marchés en cours de fabrication et de livraison d’Airbus (mais aussi aéroportuaire). Airbus, et ses nombreux sous-traitants, tentent de réduire leurs effectifs par tous les moyens (non renouvellement de contrats, pré retraites, APLD, etc.).
Bonne nouvelle, Airbus vient ainsi d’annoncer un plan où l’entreprise abandonne les près de 5 000 licenciements en France comme annoncé en 2020. Sont privilégiés des départs volontaires et un recours à l’APLD.
La forme est certes plus satisfaisante, mais les destructions d’emploi vont être très importantes.
A ce contexte vient s’ajouter, dans cette région, la crise qui touche la construction automobile et les équipementiers : sérieuse baisse des ventes en 2020 et changements dans les fabrications.
En voici le plus récent exemple.
L’ÉQUIPEMENTIER AUTOMOBILE BOSCH VA SUPPRIMER 750 EMPLOIS SUR 1 250 A RODEZ.
L’équipementier automobile Bosch, premier employeur du département de l’Aveyron va supprimer 750 emplois sur les 1 250 emplois actuels[1].
L’usine ne devrait plus compter plus que 500 salariés d’ici 2025[2].
Bosch justifie cette décision par la crise du secteur automobile et la chute des ventes des véhicules à moteur diesel (fabrication d’injecteurs pompe et de bougies pour véhicules diesel).
« C’était très difficile d’identifier une bonne stratégie pour l’usine avec les inquiétudes liées à la chute du diesel et du marché automobile. Pour cela, l’adaptation au niveau des emplois en réduisant les équipes à 500 personnes était inéluctable. »
Bosch France affirme que cette restructuration « donne une vraie perspective pour le site et une stabilité nécessaire pour les années à venir. On n’est plus dans une logique de fermeture du site. »
La réduction des effectifs débutera dès 2021 avec un objectif de 1 100 postes à fin d’année.
Au début des années 2000, l’usine comptait 2 400 salariés.
LA NATURE DES DÉPARTS DE SALARIÉS RESTE A PRÉCISER.
La direction de Bosch annonce une intention :
« Nous voulons éviter les licenciements contraints. Des discussions et des négociations vont très rapidement s’ouvrir entre les représentants du personnel et la direction. »
Mais l’atteinte de cet objectif reste à confirmer[3]. Le recours aux retraites anticipées et aux départs volontaires pourrait ne pas être assez nombreux et l’entreprise déclencher un PSE.
LES RESPONSABLES SYNDICAUX DOUTENT DE LA PÉRENNITÉ DU SITE.
Le responsable de la CGT (majoritaire sur ce site) présente son analyse :
« Ils sont dans le droit chemin de fermer le site à court ou à moyen terme. C’est un groupe qui investit en Europe de l’Est et en Allemagne pour se transformer dans le domaine de l’hydrogène mais nous nous n’appartenons pas à leurs projets d’investissement ».
L’équipementier affirme, pour sa part, que le marché du diesel
« conservera sa place pour les décennies à venir. Certes, les dernières décisions ne réintégrant pas le diesel dans les vignettes Crit’Air 1 n’ont pas aidé mais aujourd’hui, c’est le moyen de transport idéal, que ce soit pour les poids lourds ou encore les déplacements en milieu rural. Sans compter qu’il existe un parc très important de véhicules à moteur à diesel qui demanderont des pièces détachées pour de très nombreuses années encore… »[4]
Des pistes de diversification des activités de l’usine continuent à être recherchées. L’engagement de l’équipementier reste pour le moins incertain : « Dès qu’on identifiera un produit pour le site, nous ferons les investissements nécessaires. »
LES ÉLUS LOCAUX APPARAISSENT IMPUISSANTS.
Les élus locaux, Mairie, Région, protestent contre la décision de Bosch, sans être parvenus à faire cause commune sur ce dossier.
Le ministre de l’Économie[5] appelle Bosch à « éviter les départs contraints », selon le discours classique en ces circonstances. Selon lui : « des partenaires extérieurs pourraient s’installer sur le site pour y créer de nouvelles activités ».
L’hypothèse de l’installation d’une importante usine de batteries électrique pour les véhicules électriques a circulé. Verkor, entreprise grenobloise, cherche effectivement un lieu d’implantation pour son projet. Son client potentiel serait Renault.
[1] En France, l’équipementier Bosch emploie environ 6 000 salariés dans neuf usines et, dans le monde, il compte près de 400 000 salariés.
[2] Annonce du président de Bosch France-Benelux- 5 mars 2021 à l’usine d’Onet-le-Château, dans la banlieue de Rodez. « On va réduire les équipes dans les années à venir, d’ici 2025, à 500 personnes » – Entretien exclusif : https://bit.ly/3v1QuQK
[3] « Nous avons la volonté de travailler avec la Ville et la Région pour soutenir l’emploi dans le bassin de Rodez pour que ce territoire reste attractif dans les années à venir. »
[4] « Dans les villes, il y a peut-être d’autres solutions mais pas forcément en milieu rural… C’est pourquoi il faut respecter la neutralité technologique. »
[5] Le ministre de l’Économie souligne que « la fermeture du site est désormais écartée (…) grâce à la mobilisation de tous, au premier rang desquels les salariés ». Il appelle Bosch à éviter des « départs contraints » et à « compenser la perte d’emplois industriels », par exemple en accompagnant des « partenaires extérieurs qui pourraient s’installer sur le site pour y créer de nouvelles activités ».
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