Durant la nouvelle période de confinement qui a débuté, la nouvelle haut-commissaire aux compétences (HCC)[1] a bien réaffirmé que l’activité de formation se poursuit, mais à distance, « sauf lorsque l’activité ou la nature des publics imposent la formation en présentiel »[2].
DES FORMULES DE FORMATION A DISTANCE ONT ÉTÉ EXPÉRIMENTÉ PENDANT LE CONFINEMENT.
Des formules de formation à distance ont été expérimentée, sous la contrainte, au premier semestre 2020, lors du premier confinement, pour éviter des ruptures de parcours pour les personnes en cours de formation ou les jeunes en apprentissage.
« La crise a révélé le formidable potentiel d’adaptation des organismes de formation et des centres de formation d’apprentis, dans le cadre d’une mobilisation très forte des formateurs. » – HCC
Deux tiers des demandeurs d’emploi et 90% des apprentis auraient ainsi pu maintenir un lien à distance avec leur centre de formation et poursuivre leur parcours. Il est trop tôt pour confirmer cette estimation de recours à la formation à distance. La qualité de ces formations dépend probablement de leur objet, de leur niveau et de leur public. Un bilan précis apparait nécessaire.
SONT-ILS UN PREMIER PAS D’UNE TRANSFORMATION EN PROFONDEUR DE L’OFFRE DE FORMATION ?
Désormais, il est question de réorienter les objectifs du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) en fonction de la crise économique et sociale pour répondre à une « nécessaire transformation de l’offre de formation ».
« Le nouveau confinement doit nous inciter à aller plus loin, à mieux intégrer le digital, pour penser les nouvelles façons d’apprendre, grâce au digital mais également en interrogeant les formations en présentiel[3]. » – HCC
En fait, la HCC évoque un projet politique. Au-delà de la réaction à une situation de crise (réduction des regroupements), ce projet consiste à transformer, dans la durée, la formation[4] au niveau :
- De son modèle économique[5],
- De son organisation comprenant une « hybridation » entre présentiel et formation à distance[6] (transformation des parcours traditionnels vers des parcours « hybrides »),
- D’innovations pédagogiques, comme la création de contenus digitaux, mobilisant, notamment la réalité virtuelle[7],
- De la compétence des formateurs et de la diversification de leurs profils.
Sur ce dernier point, il serait question d’« un vaste plan d’accompagnement au changement et de professionnalisation des formateurs » et de l’embauche, dans les organismes de formation de nouveaux profils comme des concepteurs de contenus, scénaristes, community manager, etc. propre au numérique[8].
Il serait aussi question :
- De développer des « tiers-lieux » pour diminuer les déplacements et les transports et permettre à des à des stagiaires « d’accéder en proximité à un ensemble de services : matériel informatique (…) pour suivre les formations à distance depuis chez eux, plateaux de réalité virtuelle, solutions de coaching et d’accompagnement… »
- De constituer « des lieux ressources, un cadre d’échange et d’émulation entre organismes de formation et établissements d’enseignement de nature à favoriser des approches innovantes ».
Il est également question de créer « un « incubateur de la compétence », lieu ressources et de production de contenus et parcours pédagogiques, de veille sur les innovations et de partage, mais aussi de recherche & développement doit être pensé en parallèle. »
« Le nouveau modèle de formation intègre une mise à disposition de toutes les ressources. » « L’accès à ces ressources doit être possible tout au long de la vie, y compris en dehors des heures de travail, le week-end, dans des formats courts. »
LE BUT DES PROPOSITIONS DE LA HCC SERAIT DE MODIFIER LA FORME ACTUELLE DE LA FORMATION POUR LA DÉVELOPPER.
L’objectif étant de « (re)donner le goût et l’habitude de se former » et être ouvert à tous.
Cette idée semble consensuelle, mais les propositions évoquées font débat. Les points évoqués par le HCC concernent uniquement la forme et non le fond, c’est-à-dire le contenu des formations à délivrer dans les années qui viennent, le contrôle de l’acquisition et l’obtention des qualifications. Reste donc à savoir si les projets de transformation évoquées sont bien à même de répondre aux besoins des travailleurs et des employeurs, au-delà de l’organisation même du secteur de la formation !
[1] Carine SEILER est chargée d’exercer, par intérim, les fonctions de haut-commissaire aux compétences, , auprès d’Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion par le décret du 28 septembre 2020.
[2] La nécessaire transformation de l’offre de formation – Carine Seiler, Haut-commissaire aux Compétences – 2 novembre 2020 – https://www.cpformation.com/la-necessaire-transformation-de-loffre-de-formation-tribune-de-carine-seiler/
[3] « Le digital est porteur de formidables potentialités, dès lors qu’il n’est pas considéré comme une fin en soi, mais qu’il se place au service de nouvelles pédagogies. » – HCC
[4] « Au-delà de cette situation exceptionnelle, c’est donc un nouvel équilibre que nous devons inventer, en mixant enseignements à distance et enseignements en présentiel, en intégrant les approches expérientielles et la formation en situation de travail. » – HCC
[5] « Cette transformation va conduire les organismes de formation à déplacer leur cœur d’activité de la production de contenus vers une logique de services. » – HCC
[6] « Intégrer le digital dans la formation est un impératif démocratique, social, économique, mais aussi d’aménagement du territoire. » – HCC
[7] « Plus que l’acquisition de contenus – nécessaire mais pas suffisante – c’est la transformation de la pédagogie elle-même qu’il nous faut inventer. » – HCC
[8] « Réussir l’hybridation des formations est un projet global, qui doit mobiliser nos formateurs, intégrer dans nos organismes de formation de nouveaux profils : concepteurs de contenus, scénaristes, community manager… » – HCC
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